Après
l’excellent « 1914 -La grande illusion» de Jean Yves le Naour, je viens de terminer le
second volume, « 1915 – l’Enlisement », pour être honnête je n’ai pas
été emballé plus que ça par ce second titre.
En effet je
l’ai trouvé un peu ennuyeux, pourtant l’année 1915 est une année riche en
rebondissement, les offensives françaises en Artois et en Champagne, la chute
de la Serbie, l’entrée en guerre de l’Italie et de la Bulgarie, l’effondrement
du front à l’est, l’armée du Tsar au bord de la rupture.
Mais j’ai
trouvé que prendre 1/3 du livre pour parler de politique intérieure française
c’était un peu trop à mon goût, les événements comme l’entrée en guerre de
l’Italie, le front Turc sont traités au niveau politique mais militairement
c’est un peu léger. Bon ce n’est pas un livre d’histoire militaire mais il
traite de la Première Guerre Mondiale quand même.
La bataille
navale du Dogger Bank est passée sous silence pourtant, la bataille de Dogger
Bank met provisoirement fin aux raids navals allemands au Royaume-Uni, mais
elle met aussi en évidence certaines faiblesses des procédures navales
britanniques. L'efficacité de l'artillerie des vaisseaux de Beatty se révèle
très faible.
Il y a aussi
son acharnement sur Joffre, l’auteur ne l’apprécie pas du tout ainsi que
beaucoup d’autres généraux d’ailleurs, je ferais le reproche de donner des
jugements à l’orée du centenaire qui sont plus faciles à faire 100 ans après
que sur l’instant T.
Je ne suis
pas non plus un partisan des offensives de grignotage de l’armée allemande qui
ont plus saigné l’armée française qu’autre chose. Peut-être comme l’écrit Jean Yves le Naour que si les moyens et la
mise en pratique des opérations des Dardanelles ou à Salonique avaient été plus
fortes et mieux menées, la guerre aurait
été plus courte, mais ça, ça relève du What If chère aux anglo-saxons.
Bon malgré
mais petites remarques c’est quand même un bon livre, mais j’attends plus pour
son volume « 1916 ».
Description de l'ouvrage
Avec 1915,
Jean-Yves Le Naour poursuit son ambition : tracer cette première guerre totale,
sous toutes ses facettes, en variant tour à tour les points de vue : visions
d'en haut et d'en bas, focales politiques, sociales, militaires, diplomatiques
et culturelles. D'un côté les perceptions des soldats, de l'autre la doctrine
de l'état-major qui dissimule son désarroi derrière la stratégie de l'usure
tout en multipliant les expériences – particulièrement meurtrières - pour
tenter de dégager des enseignements qui permettraient de réaliser la "
percée ".
Mais la
stratégie de l'usure fut non seulement dénoncée par les soldats, qui la
subissent, mais aussi par nombre d'officiers généraux. De son côté, Joffre
s'enferme dans une tour d'ivoire pour ne pas subir les critiques et élimine
ceux qui pourraient lui faire de l'ombre. L'historien revisite la vie politique
grâce aux archives des RG, qui n'avaient jamais été dépouillées ! Des policiers
recueillent en effet l'humeur des parlementaires dans les couloirs du
Palais-Bourbon, ce qui donne un son de cloche très différent de ce que l'on lit
dans la presse.
Dans une ébullition permanente, les
parlementaires tentent de reprendre le pouvoir sur le Grand Quartier Général,
sans la moindre confiance pour Joffre et face à un gouvernement qui n'ose le
défier. Car l'Union sacrée n'a pas existé, ou en façade seulement. Enfin, en
1915, la guerre entre dans une phase particulièrement meurtrière avec
l'invention des gaz toxiques, le génocide arménien, le bombardement de Londres
ou de Paris par zeppelins, guerre lancée par les Turcs contre les Alliés au nom
du panislamisme, etc...
Biographie de l'auteur
Jean-Yves Le Naour est historien et documentariste. Il est
l'auteur de nombreux ouvrages sur le sujet, dont 1914 et Les soldats de la
honte (Grand Prix d'histoire Ouest-France, 1911).
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